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14 juin 2018
Portrait de partenaire (6) : Shaï Sebbag, guitariste
Le guitariste Shaï Sebbag excelle dans un style méconnu du grand public : le fingerstyle. Cette méthode, érigée au rang d'art par Marcel Dadi, consiste à pincer précisément les cordes de sa guitare de manière à créer une polyphonie. « Cette technique permet de faire entendre une mélodie et un accompagnement simultanément, sur la même guitare, » confirme Shaï.
De Queen à Royaumont
« J’ai commencé la guitare à 16 ans », affirme le guitariste, à l’aube de la quarantaine. Comme beaucoup d’adolescents, il est immédiatement séduit par cet instrument, cœur palpitant des musiciens de folk, sceptre glorieux des étoiles du rock. « Bizarrement, j’ai toujours préféré la guitare classique et acoustique à l’électrique », précise-t-il, balayant d’un revers de mains tous nos présupposés.
Ses influences : le musicien de flamenco Paco de Lucia, d’obscures interprètes de guitare classique et… Queen. Pour Shaï, « Brian May est une référence ». Le guitariste de Queen serait même à l’origine de sa vocation : « Dans Innuendo, je me souviens d’un interlude de guitare flamenco-classique, interprété par Brian May, qui m’a bouleversé. C’est le premier morceau que j’ai essayé de jouer à la guitare. »
De Queen à Saint Louis, il n’y a qu’un pas… Un pas qu’a franchi Shaï en passant les portes de l’abbaye à l’invitation d’une proche. « J’ai découvert Royaumont par l’intermédiaire d’une amie, Périne, qui travaille à l’abbaye. Pour son anniversaire, j’ai donné, avec elle et d’autres musiciens, un concert privé dans la salle des Charpentes », se souvient le guitariste. Un lieu singulier, pour lequel Shaï garde une certaine affection, même s’il apprécie également les salles « sacrées » de l’abbaye.
C’est le cas du réfectoire des moines, dans lequel il a tourné le vidéoclip de son dernier album, Interstellaire. « A Royaumont, l’espace change ma manière d’aborder la musique… Dans le réfectoire des moines, qui a une connotation sacrée, je préfère jouer des pièces solennelles, plus pointues, plutôt que de la pop ou de la variété. Le lieu ne se prête pas à tout », explique-t-il.
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Des standards de la variété aux arrangements originaux
Shaï Sebbag se caractérise par son éclectisme et son professionnalisme. En véritable homme-orchestre (c’est l’un des nombreux avantages du fingerstyle), il propose ses « services » de musiciens pour animer divers événements : cocktails, dîners, soirées privées… « Mon style s’y prête bien. Je peux jouer des standards du jazz, de la pop ou de la variété française à la guitare. Finalement, le fingerstyle se rapproche du piano-bar à une exception près : je prends moins de place », assure le guitariste avec malice.
Vous préférez les orchestres, plus festifs, aux solistes ? Shaï le comprend. Il concède que les instrumentistes « solo » conviennent davantage aux atmosphères « plus discrètes, plus classieuses, plus douces. » Pourtant, le répertoire du guitariste est extrêmement large : « Je peux jouer un standard de bossa-nova, tel qu’un morceau d’Antonio Jobim, comme des classiques de la chanson française : SOS d’un terrien en détresse de Daniel Balavoine ou La bohème de Charles Aznavour. J’ai déjà interprété Eve, lève-toi de Julie Pietri alors même qu’il n’y a pas de guitare », s’amuse Shaï, avant de conclure : « Je peux voyager dans des contrées musicales n’ayant aucun lien avec la guitare. »
Bien plus qu’un interprète, Shaï peut jouer ses propres compositions, plongeant ainsi les convives dans un univers singulier, et propose des arrangements originaux. « Pour les mariages, je peux arranger pour guitare seule une chanson qu’aime le couple. Je peux écrire des compositions, créer des arrangements originaux. A l’issue de l’événement, j'offre alors la partition en souvenir », explique-t-il.
Alors, les orchestres ont toujours votre préférence ?
Photo : Camille Ridoux
14 juin 2018